28 novembre 2022 : l’OGS prend son envol


28 novembre 2022 : l’OGS prend son envol

C’est par l’intermédiaire d’une coutume au centre culturel Tjibaou en présence des officiels qu’a débuté l’Oceania Geospatial Symposium ; en ce lundi matin ensoleillé, notre Caillou accueillait sur ses terres des délégations polynésiennes, wallisiennes et des représentants d’autres états insulaires et d’organisations internationales actives dans le domaine de l’observation spatiale. Retour sur une journée qui a donné le tempo d’une semaine « géomaticienne ». 

La Coutume à Tjibaou, un lien entre passé, présent et futur

Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement calédonien en charge de l’innovation, de la transition numérique de l’administration, de la modernisation de l’action et de la fonction publiques invite un parterre de représentants à se rendre près de la natte coutumière ; les prestigieux hôtes déposent alors leurs présents sur la natte sous les yeux de notre président, M. Louis Mapou. 

Les coutumes débutent alors et s’enchaînent les unes après les autres dans le respect et la bénédiction ; le représentant du haut-commissariat devance le ministre polynésien M. Heremoana Maamaatuaiahutapu puis c’est au tour de M. Stuart Minchin de prendre la parole avant qu’interviennent les représentants officiels du Royaume des Tonga, puis celui des Samoa et enfin celui des Îles Fidji. Le CNES, l’ART GeoDEV enchaînent ensuite pour demander la bénédiction tribale et rappeler les valeurs qui entourent cet événement : « collaboration, communauté, partage et développement durable ». Les dés sont jetés et l’OGS vient de connaître le lancement officiel de sa première édition. 

Cit. « Nous devons aujourd’hui regarder le passé pour construire ensemble une pirogue qui nous aidera à naviguer sur les flots de l’avenir grâce à une collaboration entre tous les états du Pacifique ». Heremoana Maamaatuaiahutapu.

©Crédit photo Bruno Moure

Une introduction à l’observation géospatiale, l’outil d’aide à la décision

Retour à 13h30, dans salle de conférence Jacques IEKAWE de la CPS, partenaire émérite de cet événement régional. C’est là que débute la première session de l’après-midi. La conférence s’adresse plutôt à un public large et néophyte. En effet, avant de rentrer dans les conférences plus techniques des prochains jours, l’OGS débute avec une introduction à la thématique « géospatiale ». C’est Sachindra Singh de la Communité Pacifique Sud (CPS) qui introduit cette première partie de la conférence, bientôt secondé par Jean Massenet, représentant de l’ART GEODEV NC et organisateur central de l’OGS qui prend le relais quelques minutes après. 

L’objectif des deux conférenciers du jour est d’expliquer aux auditeurs les possibilités offertes par l’observation spatiale en fournissant des exemples précis et régionaux. Tout d’abord, Sachindra Singh rappelle que ces données et informations géospatiales sont utilisées pour coller au cadre des Objectifs du Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Ce plan nommé « The Future We Want » – « le futur que nous voulons » -, lancé en 2012 à Rio, comprend des objectifs généraux de durabilité dans les thèmes de l’éradication de la pauvreté, de la sécurité alimentaire et de l’agriculture durable, de l’énergie, des transports durables, des villes durables, de la santé et de la population et de la promotion du plein emploi productif. 

En ce qui concerne les données géospatiales, les deux intervenants ont exposé des cas concrets d’utilisation d’images satellitaires. Elles deviennent des outils pour mieux comprendre l’évolution de phénomènes territoriaux tels que l’érosion, la sécheresse, les glissements de terrain, l’évolution des forêts. De façon plus générale, ces images satellites permettent de comparer des situations dans le temps et ainsi comprendre l’impact d’un phénomène météorologique (cyclone, tsunami, montée des eaux…). En d’autres termes, avec la bonne analyse, la donnée géospatiale est capable de déterminer l’impact de l’activité de l’homme sur le globe et d’aider les décisionnaires à prendre les décisions adéquates.  

Cit. « Ce que nous voyons avec nos deux yeux, les satellites peuvent le voir avec 10 yeux. Chacun de ces yeux a une vision différente de l’autre et permet d’observer un phénomène plutôt que l’autre. Le seul frein à cette imagerie satellitaire, notamment pour nous dans le Pacifique, est la couverture nuageuse et notre capacité à trouver et former des experts capables d’analyser ces images. Nous devons transmettre, échanger, mutualiser. ». Jean Massenet.

Une belle cérémonie d’ouverture pour poursuivre la journée

De 15h à 17h30, la même (magnifique) salle Iekawé, en forme de calle de bateau, a entendu raisonner les nombreux discours des parties prenantes de l’OGS. Officiels de Nouvelle-Calédonie, représentants de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de Wallis-et-Futuna, de Polynésie française, des Tonga et autres organisations d’ici et d’ailleurs : tous ont participé, avec leurs mots, à la cérémonie d’ouverture de l’OGS dans ce lieu symbolique qu’est la Communauté du Pacifique. 

C’est à nouveau Vaïmu’a Muliava qui occupe le rôle d’officier de cérémonie ; il distribue la parole, non sans traits d’humour ou citations lyriques. Le ministre de la Culture, de l’environnement, en charge de la jeunesse, des sports et de l’artisanat du gouvernement de la Polynésie Française, M. Heremoana Maamaatuaiahutapu débute les discours : « On pourrait penser que le géospatial est loin de nos préoccupations quotidiennes et pourtant, c’est au contraire l’un des enjeux du monde de demain. Les étoiles redeviennent un guide pour notre avenir ». 

Puis le Président de l’Assemblée Générale de Wallis-et-Futuna, Monsieur Munipoese Muli’aka’aka renforce ce discours en rappelant le maître-mot de ce symposium : le partage ! Et tous les participants ajoutent, à leur manière, un mot concernant leurs espoirs et leur joie de participer à ce symposium autour de l’océan et de la géomatique. Les discours se terminent alors par une photographie officielle de tous les participants, puis trois danses traditionnelles de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française et de Wallis-et-Futuna dans les jardins de la CPS viennent clore cette session régionale et multiculturelle ; 

©Crédit photo Bruno Moure
©Crédit photo Bruno Moure

Mutualisation et synergies océaniennes

Avec un peu de retard débute ensuite un autre sous-événement plus technique, le « PICT’s territory and resources management policies » traduit littéralement par « Politiques de gestion du territoire et des ressources des États et Territoires insulaires du Pacifique ». A ce sujet, l’observation spatiale est un formidable outil de gestion des territoires par la connaissance qu’elle apporte sur les différents terrains observés et leur niveau de préservation. On parle SIG – Système d’Information Géographique – par ici, QGIS par là et on en conclut que tous ces outils technologiques doivent être au service des gestionnaires du Pacifique par le biais d’une mutualisation des connaissances. 

La journée se terminera par un « ice breaker », soit une petite réunion des personnalités présentes et des différents publics sensibles à cette thématique. Cette première journée de l’OGS résonnait clairement comme un appel à l’entraide et à l’optimisation des usages technologiques liés à l’observation géospatiale. En s’appuyant sur leurs cultures et leurs savoir-faire ancestraux, les peuples océaniens disposent aujourd’hui d’un nouvel outil, la technologie, qu’ils doivent mettre au service de leurs enjeux environnementaux. C’est tout l’enjeu de cette première édition de l’OGS : « puiser dans les racines » des peuples du Pacifique pour construire un « nouvel horizon ». Ensemble. 

©Crédit photo Bruno Moure